Déléguer la préparation des sols et le semis : le choix fait par Jérôme pour se consacrer à son élevage

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Jérôme Fourquet est éleveur sur la commune de Saint-Laurent de Neste, dans les Hautes-Pyrénées. Seul à gérer 165 ha de SAU, il a fait le choix du service complet offert par la Cuma des Vallées à Montégut (Labarthe-de-Neste), pour la préparation des sols, puis pour le semis en combiné. Une façon de consacrer plus de temps et d’énergie à son élevage.


Jérôme Fourquet est installé en polyculture élevage sur la commune de Saint-Laurent de Neste depuis 2002, en GAEC avec sa mère. Il est naisseur-engraisseur et conduit un troupeau de 80 mères Limousines. Cet « éleveur dans l’âme » cultive également 40 ha de maïs grain, 15 ha de céréales à pailles autoconsommées et 110 ha en herbe.
En 2009, sa mère prend sa retraite, mais ses parents continuent de lui fournir une aide en main d’oeuvre importante. Pour anticiper la suite et gagner du temps, Jérôme investit dans la mécanisation. Il aurait souhaité investir également dans un plus gros tracteur pour travailler plus rapidement, mais ses charges de mécanisation auraient explosé.

SEUL POUR 165 HA

Malgré la présence de deux aidants, la charge de travail est importante. En 2016, suite à des problèmes de santé, ses parents ne peuvent plus lui fournir leur aide : « en 2017, je me suis retrouvé seul à gérer 165 ha de SAU. Heureusement je l’avais envisagé depuis un moment. En fenaison je suis équipé, et comme l’année 2017 a été plutôt facile, je m’en suis pas trop mal sorti, l’année s’y prêtait. Par contre, en 2018, j’ai touché mes limites. »
Pour répondre à cette problématique, et dès 2017, Jérôme Fourquet rejoint la Cuma de Montégut des Vallées, à Labarthe-sur- Neste. Des adhérents qui connaissent ses difficultés de gestion du temps lui ont en effet proposé d’intégrer le groupe tracteur avec chauffeur qui était en train de se créer. Jérôme adhère et en profite pour déléguer toute la partie travail du sol avec la herse rotative.
« Ce sont des opérations qui me prenaient beaucoup de temps, notamment parce que j’avais un matériel vieillissant et de petite largeur (3m), pour faire 40 ha. Comme je ne semais pas en combiné, j’étais déjà dans une autre Cuma (la cuma de Pinas) sur un groupe semoir avec une machine 6 rangs. Je faisais donc deux passages, et cette année-là, ça me paraissait déraisonnable de tout faire seul. »
En adhérant au service complet de la Cuma des Vallées, l’éleveur réalise un gain de temps : « Je me suis rendu compte qu’arriver au champ pour semer quand tout est préparé, c’est beaucoup plus facile que quand rien n’est prêt. » Ainsi, il peut se consacrer à d’autres tâches, notamment sur son élevage ou pour les clôtures qui demandent beaucoup de temps de main d’oeuvre. Cela lui permet de gérer plus sereinement le pic de travail du mois de mai et de mieux faire les choses : « je suis convaincu qu’on n’est pas bon quand on fait trop de choses en même temps ; en délégant, je vais pouvoir travailler plus tranquillement ».
 

MOINS CHER QU’AVANT… ET LE TRAVAIL EST FAIT

En 2019, Jérôme a décidé de franchir un pas supplémentaire en déléguant entièrement toute la partie semis grâce à l’investissement de la Cuma dans un semoir en combiné : « il n’y avait pas beaucoup de surfaces engagées mais je vais y trouver mon compte parce que sur le secteur, je suis toujours un des premiers à labourer, et un des derniers à semer. » Une opération doublement positive puisqu’il est également gagnant sur le coût hectare : « j’avais un coût de préparation à 56€/ha et le semoir de la Cuma de Pinas me coûtait 33€/ha, en me faisant le travail. Aujourd’hui, avec les surfaces engagées sur le groupe tracteur et semis, je suis à 86€/ha. Pas plus cher donc, et je n’ai plus à faire le travail ! ».
Intégrer la Cuma de Montégut des Vallées lui permet également d’avoir des échanges avec les autres adhérents et le chauffeur, et pour lui, ce n’est pas rien : « le salarié par exemple m’a dit ça serait bien que ça soit rappuyé [retasser légèrement un sol trop aéré, en effectuant un roulage]. Ce sont des ajustements qui m’ont permis de gagner de l’argent parce qu’il a pu travailler plus vite, et mieux. Moi je ne me tape pas les fesses sur le labour et chaque année on progresse un peu. On a par exemple travaillé avec la herse rotative et j’ai constaté des levées plus rapides. »
 

ARTICULATION ENTRE PETITE ET GROSSE CUMA

Malgré les intérêts à adhérer à la Cuma de Montégut, pas question de laisser de côté sa Cuma locale, la Cuma de Pinas, à laquelle il adhère pour les 4/5ème de son matériel mais « c’est un petit groupe, il aurait été difficile d’envisager un groupe tracteur ou un chauffeur ». Pour la Cuma de Pinas et ses adhérents, le changement d’organisation de Jérôme va engendrer une évolution du coût sur le semoir, mais les autres utilisateurs ont bien compris sa stratégie : « ils ont vu que je n’avais pas le choix par rapport à la problématique de main d’oeuvre ».
Bien sûr, il y avait la solution de l’entreprise, mais Jérôme préfère les groupes d’échanges : « c’est vrai que quand on fait partie d’une Cuma, il faut parfois s’adapter. Mais je ne suis pas de ceux qui veulent passer en premier. C’est vrai que ça a été nouveau pour moi de se positionner sur un planning, je me suis aussi demandé si mes terres seraient prêtes. Ce sont des choses qui paraissent compliquées au départ, et puis on se positionne et finalement, ça se fait tout seul. »
Jérôme est actuellement en réflexion sur l’organisation future de son exploitation. Il arrivera en 2020 au terme du remboursement d’emprunts contractés pour faire évoluer sa mécanisation et pourra donc réfléchir plus sereinement à la suite, en particulier sur le fait de conserver, ou non, ses cultures céréalières. S’il fait ce choix, il pense déléguer plus largement son travail, notamment par le service intégral en Cuma, ses capacités financières ne lui permettant pas d’embaucher seul un salarié.